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il donna comme épaulements et contre-forts l’infanterie de Brunswick, le contingent de Nassau, les hanovriens de Kielmansegge et les allemands d’Ompteda. Cela lui mit sous la main vingt-six bataillons. L’aile droite, comme dit Charras, fut rabattue derrière le centre. Une batterie énorme était masquée par des sacs à terre à l’endroit où est aujourd’hui ce qu’on appelle « le musée de Waterloo ». Wellington avait en outre dans un pli de terrain les dragons-gardes de Somerset, quatorze cents chevaux. C’était l’autre moitié de cette cavalerie anglaise, si justement célèbre. Ponsomby détruit, restait Somerset.

La batterie, qui, achevée, eût été presque une redoute, était disposée derrière un mur de jardin très bas, revêtu à la hâte d’une chemise de sacs de sable et d’un large talus de terre. Cet ouvrage n’était pas fini ; on n’avait pas eu le temps de le palissader.

Wellington, inquiet, mais impassible, était à cheval, et y demeura toute la journée dans la même attitude, un peu en avant du vieux moulin de Mont-Saint-Jean, qui existe encore, sous un orme qu’un anglais, depuis, vandale enthousiaste, a acheté deux cents francs, scié et emporté. Wellington fut là froidement héroïque. Les boulets pleuvaient. L’aide de camp Gordon venait de tomber à côté de lui. Lord Hill, lui montrant un obus qui éclatait, lui dit : — Milord, quelles sont vos instructions, et quels ordres nous laissez-vous, si vous vous faites tuer ? — De faire comme moi, répondit Wellington. À Clinton, il dit laconiquement : — Tenir ici jusqu’au dernier homme. — La journée, visiblement, tournait mal. Wellington criait à ses anciens compagnons