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Mère Innocente tenait de son ascendante Marguerite, la Dacier de l’Ordre. Elle était lettrée, érudite, savante, compétente, curieusement historienne, farcie de latin, bourrée de grec, pleine d’hébreu, et plutôt bénédictin que bénédictine.

La sous-prieure était une vieille religieuse espagnole presque aveugle, la mère Cineres.

Les plus comptées parmi les vocales étaient la mère Sainte-Honorine, trésorière, la mère Sainte-Gertrude, première maîtresse des novices, la mère Sainte-Ange, deuxième maîtresse, la mère Annonciation, sacristaine, la mère Saint-Augustin, infirmière, la seule dans tout le couvent qui fût méchante ; puis mère Sainte-Mechtilde (Mlle  Gauvain), toute jeune, ayant une admirable voix ; mère des Anges (Mlle  Drouet), qui avait été au couvent des Filles-Dieu et au couvent du Trésor entre Gisors et Magny ; mère Saint-Joseph (Mlle  de Cogolludo) ; mère Sainte-Adélaïde (Mlle  d’Auverney) ; mère Miséricorde (Mlle  de Cifuentes, qui ne put résister aux austérités) ; mère Compassion (Mlle  de la Miltière, reçue à soixante ans, malgré la règle, très riche) ; mère Providence (Mlle  de Laudinière) ; mère Présentation (Mlle  de Siguenza), qui fut prieure en 1847 ; enfin, mère Sainte-Céligne (la sœur du sculpteur Ceracchi), devenue folle ; mère Sainte-Chantal (Mlle  de Suzon), devenue folle.

Il y avait encore parmi les plus jolies une charmante fille de vingt-trois ans, qui était de l’île Bourbon et descendante du chevalier Roze, qui se fût appelée dans le monde mademoiselle Roze et qui s’appelait mère Assomption.

La mère Sainte-Mechtilde, chargée du chant et du chœur,