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Le voyageur se pencha.

La fée, c’est-à-dire la mère, avait déjà fait sa visite, et l’on voyait reluire dans chaque soulier une belle pièce de dix sous toute neuve.

L’homme se relevait et allait s’en aller lorsqu’il aperçut au fond, à l’écart, dans le coin le plus obscur de l’âtre, un autre objet. Il regarda, et reconnut un sabot, un affreux sabot du bois le plus grossier, à demi brisé et tout couvert de cendre et de boue desséchée. C’était le sabot de Cosette. Cosette, avec cette touchante confiance des enfants qui peut être trompée toujours sans se décourager jamais, avait mis, elle aussi, son sabot dans la cheminée.

C’est une chose sublime et douce que l’espérance dans un enfant qui n’a jamais connu que le désespoir.

Il n’y avait rien dans ce sabot.

L’étranger fouilla dans son gilet, se courba et mit dans le sabot de Cosette un louis d’or.

Puis il regagna sa chambre à pas de loup.