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dans les sacs ? Nous y trouvons un tas de petites graines que nous ne pouvons pas nous amuser à éplucher et qu’il faut bien laisser passer sous les meules ; c’est l’ivraie, c’est la luzette, la nielle, la vesce, le chènevis, la gaverolle, la queue-de-renard, et une foule d’autres drogues, sans compter les cailloux qui abondent dans de certains blés, surtout dans les blés bretons. Je n’ai pas l’amour de moudre du blé breton, pas plus que les scieurs de long de scier des poutres où il y a des clous. Jugez de la mauvaise poussière que tout cela fait dans le rendement. Après quoi on se plaint de la farine. On a tort. La farine n’est pas notre faute.

Dans un entre-deux de fenêtres, un faucheur, attablé avec un propriétaire qui faisait prix pour un travail de prairie à faire au printemps, disait :

— Il n’y a point de mal que l’herbe soit mouillée. Elle se coupe mieux. La rousée est bonne, monsieur. C’est égal, cette herbe-là, votre herbe, est jeune et bien difficile encore. Que voilà qui est si tendre ; que voilà qui plie devant la planche de fer.

Etc. —

Cosette était à sa place ordinaire, assise sur la traverse de la table de cuisine près de la cheminée. Elle était en haillons, elle avait ses pieds nus dans des sabots, et elle tricotait à la lueur du feu des bas de laine destinés aux petites Thénardier. Un tout jeune chat jouait sous les chaises. On entendait rire et jaser dans une pièce voisine deux fraîches voix d’enfants ; c’était Éponine et Azelma.

Au coin de la cheminée, un martinet était suspendu à un clou.