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Après quoi, il tâta le gousset de l’officier, y sentit une montre et la prit. Puis il fouilla le gilet, y trouva une bourse et l’empocha.

Comme il en était à cette phase des secours qu’il portait à ce mourant, l’officier ouvrit les yeux.

— Merci, dit-il faiblement.

La brusquerie des mouvements de l’homme qui le maniait, la fraîcheur de la nuit, l’air respiré librement, l’avaient tiré de sa léthargie.

Le rôdeur ne répondit point. Il leva la tête. On entendait un bruit de pas dans la plaine ; probablement quelque patrouille qui approchait.

L’officier murmura, car il y avait encore de l’agonie dans sa voix :

— Qui a gagné la bataille ?

— Les anglais, répondit le rôdeur.

L’officier reprit :

— Cherchez dans mes poches. Vous y trouverez une bourse et une montre. Prenez-les.

C’était déjà fait.

Le rôdeur exécuta le semblant demandé, et dit :

— Il n’y a rien.

— On m’a volé, reprit l’officier, j’en suis fâché. C’eût été pour vous.

Les pas de la patrouille devenaient de plus en plus distincts.

— Voici qu’on vient, dit le rôdeur, faisant le mouvement d’un homme qui s’en va.

L’officier, soulevant péniblement le bras, le retint :