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Ce les qui était devenu la avait je ne sais quoi de significatif et d’amer.

— Enfin, peux-tu ? dit Marius.

— Vous aurez l’adresse de la belle demoiselle.

Il y avait encore dans ces mots « la belle demoiselle » une nuance qui importuna Marius. Il reprit :

— Enfin n’importe ! l’adresse du père et de la fille. Leur adresse, quoi !

Elle le regarda fixement.

— Qu’est-ce que vous me donnerez ?

— Tout ce que tu voudras !

— Tout ce que je voudrai ?

— Oui.

— Vous aurez l’adresse.

Elle baissa la tête, puis d’un mouvement brusque elle tira la porte qui se referma.

Marius se retrouva seul.

Il se laissa tomber sur une chaise, la tête et les deux coudes sur son lit, abîmé dans des pensées qu’il ne pouvait saisir et comme en proie à un vertige. Tout ce qui s’était passé depuis le matin, l’apparition de l’ange, sa disparition, ce que cette créature venait de lui dire, une lueur d’espérance flottant dans un désespoir immense, voilà ce qui emplissait confusément son cerveau.

Tout à coup il fut violemment arraché à sa rêverie.

Il entendit la voix haute et dure de Jondrette prononcer ces paroles pleines du plus étrange intérêt pour lui :

— Je te dis que j’en suis sûr et que je l’ai reconnu.

De qui parlait Jondrette ? il avait reconnu qui ?