Page:Hugo - Les Misérables Tome III (1890).djvu/354

Cette page a été validée par deux contributeurs.

s’alarmerait et trouverait moyen de lui échapper de nouveau, et ce serait encore une fois fini. Que faire ? Attendre un peu ? mais pendant cette attente, la voiture pouvait partir. Marius était perplexe. Enfin il se risqua, et sortit de sa chambre.

Il n’y avait plus personne dans le corridor. Il courut à l’escalier. Il n’y avait personne dans l’escalier. Il descendit en hâte, et il arriva sur le boulevard à temps pour voir un fiacre tourner le coin de la rue du Petit-Banquier et rentrer dans Paris.

Marius se précipita dans cette direction. Parvenu à l’angle du boulevard, il revit le fiacre qui descendait rapidement la rue Mouffetard ; le fiacre était déjà très loin, aucun moyen de le rejoindre ; quoi ? courir après ? impossible ; et d’ailleurs de la voiture on remarquerait certainement un individu courant à toutes jambes à la poursuite du fiacre, et le père le reconnaîtrait. En ce moment, hasard inouï et merveilleux, Marius aperçut un cabriolet de régie qui passait à vide sur le boulevard. Il n’y avait qu’un parti à prendre, monter dans ce cabriolet et suivre le fiacre. Cela était sûr, efficace et sans danger.

Marius fit signe au cocher d’arrêter, et lui cria :

— À l’heure !

Marius était sans cravate, il avait son vieil habit de travail auquel des boutons manquaient, sa chemise était déchirée à l’un des plis de la poitrine.

Le cocher s’arrêta, cligna de l’œil et étendit vers Marius sa main gauche en frottant doucement son index avec son pouce.

— Quoi ? dit Marius.