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sur une feuille de papier blanc qui était au milieu de la table : Les cognes sont là.

Puis jetant la plume :

— Il n’y a pas de fautes d’orthographe. Vous pouvez regarder. Nous avons reçu de l’éducation, ma sœur et moi. Nous n’avons pas toujours été comme nous sommes. Nous n’étions pas faites…

Ici elle s’arrêta, fixa sa prunelle éteinte sur Marius, et éclata de rire en disant avec une intonation qui contenait toutes les angoisses étouffées par tous les cynismes :

— Bah !

Et elle se mit à fredonner ces paroles sur un air gai :


J’ai faim, mon père,
Pas de fricot.
J’ai froid, ma mère.
Pas de tricot.
Grelotte,
Lolotte !
Sanglote,
Jacquot !


À peine eut-elle achevé ce couplet qu’elle s’écria :

— Allez-vous quelquefois au spectacle, monsieur Marius ? Moi, j’y vais. J’ai un petit frère qui est ami avec des artistes et qui me donne des fois des billets. Par exemple, je n’aime pas les banquettes de galeries. On y est gêné, on y est mal. Il y a quelquefois du gros monde ; il y a aussi du monde qui sent mauvais.

Puis elle considéra Marius, prit un air étrange, et lui dit :