pour l’encourager. On l’admire quelquefois. Lacenaire,
gamin, voyant l’affreux Dautun mourir bravement, a dit ce
mot où il y a un avenir : J’en étais jaloux. Dans la gaminerie,
on ne connaît pas Voltaire, mais on connaît Papavoine.
On mêle dans la même légende « les politiques » aux
assassins. On a les traditions du dernier vêtement de tous.
On sait que Tolleron avait un bonnet de chauffeur, Avril
une casquette de loutre, Louvel un chapeau rond, que le
vieux Delaporte était chauve et nu-tête, que Castaing était
tout rose et très joli, que Bories avait une barbiche romantique,
que Jean Martin avait gardé ses bretelles, que Lecouffé
et sa mère se querellaient. — Ne vous reprochez
donc pas votre panier, leur cria un gamin. Un autre, pour
voir passer Debacker, trop petit dans la foule, avise la lanterne
du quai et y grimpe. Un gendarme, de station là,
fronce le sourcil. — Laissez-moi monter, m’sieu le gendarme,
dit le gamin. Et pour attendrir l’autorité, il ajoute : Je ne
tomberai pas. — Je m’importe peu que tu tombes, répond
le gendarme.
Dans la gaminerie, un accident mémorable est fort compté. On parvient au sommet de la considération s’il arrive qu’on se coupe très profondément, « jusqu’à l’os ».
Le poing n’est pas un médiocre élément de respect. Une des choses que le gamin dit le plus volontiers, c’est : Je suis joliment fort, va ! — Être gaucher vous rend fort enviable. Loucher est une chose estimée.