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saillait à un coup de sonnette. — Monsieur, lui disait tristement la mère Plutarque, c’est le porteur d’eau. — Bref un jour M. Mabeuf quitta la rue Mézières, abdiqua les fonctions de marguillier, renonça à Saint-Sulpice, vendit une partie, non de ses livres, mais de ses estampes, ce à quoi il tenait le moins, et s’alla installer dans une petite maison du boulevard Montparnasse, où du reste il ne demeura qu’un trimestre pour deux raisons : premièrement, le rez-de-chaussée et le jardin coûtaient trois cents francs et il n’osait pas mettre plus de deux cents francs à son loyer ; deuxièmement, étant voisin du tir Fatou, il entendait des coups de pistolet ; ce qui lui était insupportable.

Il emporta sa Flore, ses cuivres, ses herbiers, ses portefeuilles et ses livres, et s’établit près de la Salpêtrière dans une espèce de chaumière du village d’Austerlitz, où il avait pour cinquante écus par an trois chambres et un jardin clos d’une haie avec puits. Il profita de ce déménagement pour vendre presque tous ses meubles. Le jour de son entrée dans ce nouveau logis, il fut très gai et cloua lui-même les clous pour accrocher les gravures et les herbiers, il piocha son jardin le reste de la journée, et, le soir, voyant que la mère Plutarque avait l’air morne et songeait, il lui frappa sur l’épaule et lui dit en souriant : — Bah ! nous avons l’indigo !

Deux seuls visiteurs, le libraire de la porte Saint-Jacques et Marius, étaient admis à le voir dans sa chaumière d’Austerlitz, nom tapageur qui lui était, pour tout dire, assez désagréable.

Du reste, comme nous venons de l’indiquer, les cerveaux