raine ; il a dû y jeter en passant un coup d’œil et retracer
quelques-uns des linéaments singuliers de cette société aujourd’hui
inconnue. Mais il le fait rapidement et sans aucune
idée amère ou dérisoire. Des souvenirs, affectueux et respectueux,
car ils touchent à sa mère, l’attachent à ce passé.
D’ailleurs, disons-le, ce même petit monde avait sa grandeur.
On en peut sourire, mais on ne peut ni le mépriser
ni le haïr. C’était la France d’autrefois.
Marius Pontmercy fit comme tous les enfants des études quelconques. Quand il sortit des mains de la tante Gillenormand, son grand-père le confia à un digne professeur de la plus pure innocence classique. Cette jeune âme qui s’ouvrait passa d’une prude à un cuistre. Marius eut ses années de collège, puis il entra à l’école de droit. Il était royaliste, fanatique et austère. Il aimait peu son grand-père dont la gaîté et le cynisme le froissaient, et il était sombre à l’endroit de son père.
C’était du reste un garçon ardent et froid, noble, généreux, fier, religieux, exalté ; digne jusqu’à la dureté, pur jusqu’à la sauvagerie.