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III


Approchez-vous ; ceci, c’est le tas des dévots.
Cela hurle en grinçant un benedicat vos ;
C’est laid, c’est vieux, c’est noir. Cela fait des gazettes.
Pères fouetteurs du siècle, à grands coups de garcettes
Ils nous mènent au ciel. Ils font, blêmes grimauds,
De l’âme et de Jésus des querelles de mots,
Comme à Byzance au temps des Jeans et des Eudoxes.
Méfions-nous ; ce sont des gredins orthodoxes.
Ils auraient fait pousser des cris à Juvénal.
La douairière aux yeux gris s’ébat sur leur journal,
Comme sur les marais la grue et la bécasse.
Ils citent Poquelin, Pascal, Rousseau, Boccace,
Voltaire, Diderot l’aigle au vol inégal,
Devant l’official et le théologal.
L’esprit étant gênant, ces saints le congédient.
Ils mettent Escobar sous bande et l’expédient
Aux bedeaux rayonnants, pour quatre francs par mois.
Avec le vieux savon des jésuites sournois
Ils lavent notre époque incrédule et pensive,
Et le bûcher fournit sa cendre à leur lessive.