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Entrer la mort, ce noir convive
Qui vient sans qu’on l’ait invité ;

» Créer l’araignée et sa toile,
Peindre la fleur, mûrir le fruit,
Et, sans perdre une seule étoile,
Mener tous les astres la nuit ;

» Arrêter la vague à la rive ;
Parfumer de roses l’été ;
Verser le temps comme une eau vive
Des urnes de l’éternité ;

» D’un souffle, avec ses feux sans nombre,
Faire, dans toute sa hauteur,
Frissonner le firmament sombre
Comme la tente d’un pasteur ;

» Attacher les globes aux sphères
Par mille invisibles liens…
Toutes ces choses sont très claires,
Je sais comment il fait ! j’en viens ! »

Qui peut dire cela ? personne.
Nuit sur nos cœurs ! nuit sur nos yeux !
L’homme est un vain clairon qui sonne.
Dieu seul parle aux axes des cieux.