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Les pots de fleurs sur l’escalier,
Le feu brillant, la vitre claire,
Au fond le lit de la grand’mère.
Quatre gros glands de vieux crépin
En faisaient la coquetterie.
— On ne peut pas vivre sans pain ;
On ne peut pas non plus vivre sans la patrie. —

En mai volait la mouche à miel ;
On voyait courir dans les seigles
Les moineaux, partageux du ciel ;
Ils pillaient nos champs, ces espiègles,
Tout comme s’ils étaient des aigles.
Un château du temps de Pépin
Croulait près de la métairie.
— On ne peut pas vivre sans pain ;
On ne peut pas non plus vivre sans la patrie. —

Avec sa lime ou son maillet
On soutenait enfants et femme ;
De l’aube au soir on travaillait
Et le travail égayait l’âme.
Ô saint travail ! lumière et flamme !
De Watt, de Jacquart, de Papin,
La jeunesse ainsi fut nourrie.
— On ne peut pas vivre sans pain ;
On ne peut pas non plus vivre sans la patrie. —

Les jours de fête, l’ouvrier
Laissait les soucis en fourrière ;