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Que l’on n’entende pas une bouche crier ;
Que pas un scélérat ne trouve un meurtrier.
Les temps sont accomplis ; la loi de mort est morte.
Du vieux charnier humain nous avons clos la porte.
Tous ces hommes vivront. — Peuple, pas même lui !

Nous le disions hier, nous venons aujourd’hui
Le redire, et demain nous le dirons encore,
Nous qui des temps futurs portons au front l’aurore,
Parce que nos esprits, peut-être pour jamais,
De l’adversité sombre habitent les sommets ;
Nous, les absents, allant où l’exil nous envoie ;
Nous, proscrits, qui sentons, pleins d’une douce joie,
Dans le bras qui nous frappe une main nous bénir,
Nous, les germes du grand et splendide avenir
Que le Seigneur, penché sur la famille humaine,
Sema dans un sillon de misère et de peine.

II

Ils tremblent, ces coquins, sous leur nom accablant ;
Ils ont peur pour leur tête infâme, ou font semblant ;
Mais, marauds, ce serait déshonorer la Grève !
Des révolutions remuer le vieux glaive
Pour eux ! y songent-ils ? diffamer l’échafaud !
Mais, drôles, des martyrs qui marchaient le front haut,