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Les généraux dorés galopent triomphants,
Regardés par les morts tombés à la renverse.
Bravo ! César a pris le chemin de traverse !
Courons féliciter l’Élysée à présent.
Du sang dans les maisons, dans les ruisseaux du sang,
Partout ! Pour enjamber ces effroyables mares,
Les juges lestement retroussent leurs simarres,
Et l’église joyeuse en emporte un caillot
Tout fumant, pour servir d’écritoire à Veuillot.

Oui, c’est bien vous qu’hier, riant de vos férules,
Un caporal chassa de vos chaises curules,
Magistrats ! Maintenant que, reprenant du cœur,
Vous êtes bien certains que Mandrin est vainqueur,
Que vous ne serez pas obligés d’être intègres,
Que Mandrin dotera vos dévouements allègres,
Que c’est lui qui paîra désormais, et très bien,
Qu’il a pris le budget, que vous ne risquez rien,
Qu’il a bien étranglé la loi, qu’elle est bien morte,
Et que vous trouverez ce cadavre à sa porte,
Accourez, acclamez, et chantez hosanna !
Oubliez le soufflet qu’hier il vous donna,
Et, puisqu’il a tué vieillards, mères et filles,
Puisqu’il est dans le meurtre entré jusqu’aux chevilles,
Prosternez-vous devant l’assassin tout-puissant,
Et léchez-lui les pieds pour effacer le sang !