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JOYEUSE VIE.


IV



Ils marchent sur toi, peuple ! O barricade sombre,
Si haute hier, dressant dans les assauts sans nombre
Ton front de sang lavé,
Sous la roue emportée, étincelante et folle
De leur coupé joyeux qui rayonne et qui vole,
Tu redeviens pavé !

À César ton argent, peuple ; à toi, la famine.
N’es-tu pas le chien vil qu’on bat et qui chemine
Derrière son seigneur ?
À lui la pourpre ; à toi la hotte et les guenilles.
Peuple, à lui la beauté de ces femmes, tes filles,
À toi leur déshonneur !

V



Ah ! quelqu’un parlera. La muse, c’est l’histoire.
Quelqu’un élèvera la voix dans la nuit noire.
Riez, bourreaux bouffons !