Page:Hugo - Les Châtiments (Hetzel, 1880).djvu/142

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


VIII


Ô Dieu, puisque voilà ce qu’a fait cette armée,
Puisque, comme une porte est barrée et fermée,
Elle est sourde à l’honneur,
Puisque tous ces soldats rampent sans espérance,
Et puisque dans le sang ils ont éteint la France,
Votre flambeau, Seigneur !

Puisque la conscience en deuil est sans refuge ;
Puisque le prêtre assis dans la chaire, et le juge
D’hermine revêtu,
Adorent le succès, seul vrai, seul légitime,
Et disent qu’il vaut mieux réussir par le crime
Que choir par la vertu ;

Puisque les âmes sont pareilles à des filles ;
Puisque ceux-là sont morts qui brisaient les bastilles,
Ou bien sont dégradés ;
Puisque l’abjection aux conseils misérables,
Sortant de tous les cœurs, fait les bouches semblables
Aux égouts débordés ;