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Les pleurs qui de leurs yeux s’échappent goutte à goutte
Filtrent en haine dans nos cœurs.
Les juifs triomphent, groupe avare
Et sans foi… —
Lazare ! Lazare ! Lazare !
Lève-toi !
Mais, il semble qu’on se réveille !
Est-ce toi que j’ai dans l’oreille,
Bourdonnement du sombre essaim ?
Dans la ruche frémit l’abeille ;
J’entends sourdre un vague tocsin.
Les césars, oubliant qu’il est des gémonies,
S’endorment dans les symphonies,
Du lac Baltique au mont Etna ;
Les peuples sont dans la nuit noire ;
Dormez, rois ; le clairon dit aux tyrans : victoire !
Et l’orgue leur chante : hosanna !
Qui répond à cette fanfare ?
Le beffroi… —
Lazare ! Lazare ! Lazare !
Lève-toi !
Jersey, mai 1853.