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Spinetta se fait peindre ayant, dans une fresque,
Un crâne entre les dents comme un singe une noix ;
Fiesque empoisonne Azzo, c'est le mode génois ;
De par l'assassinat Sapandus est exarque ;
Cibo, pour traverser le lac Fucin, embarque
Trois enfants, dont il doit hériter, ses neveux,
Sur un bateau doré qu'il suit de tous ses vœux,
Et qui les noie, étant fait de planches trop minces.
Mais expliquons-nous donc, vous nommez ça des princes !
Un tas de scélérats et de coupe-jarrets !
La justice en leur nom prononce des arrêts ;
On les appelle grands, nobles, sérénissimes ;
Ils sont comme des feux allumés sur des cimes ;
Augustes marauds ! gueux de l'honneur trafiquant.
Drôles que frapperaient, à l'autel comme au camp,
Au nom du chaste glaive, au nom du temple vierge,
Ulysse de son sceptre et Jésus de sa verge !

Si vous vous êtes mis dans l'esprit qu'en ayant
Plus d'infamie, on est un roi plus flamboyant,
Si vous vous figurez vos races rajeunies
Par vos férocités et vos ignominies,
Rois, je vous le redis, vous vous trompez ; l'erreur,
C'est de croire qu'un nom peut grandir par l'horreur,
La fraude et les forfaits accumulés sans cesse.