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Et qui rit en voyant entrer les assassins,
On vole sa maison et son champ, par les saints !
Je dis que c'est horrible, et toute honte est bue
Autant par qui reçoit que par qui distribue !
Le meurtre vole afin d'acheter le pardon.

Rome est un champ ayant le moine pour chardon ;
Que l'âne de Jésus vienne donc et le broute !

Ces prêtres qui pour ombre ont derrière eux le doute,
Faux, masqués, emmiellant de leur perfide esprit
Le bord du vase au fond duquel le démon rit,
Traîtres du ciel, à qui l'opprobre profitable
Donne bon feu, bon lit, bon gîte et bonne table,
Ah ! ces larrons sacrés, malheur sur eux, malheur !

Oh ! que j'aime bien mieux le simple et franc voleur !
Des fauves attentats sauvage cénobite,
Il a l'ombre pour antre et pour cloître ; il habite
Les déserts, les halliers creusés en entonnoirs,
Le derrière des murs croulants, les recoins noirs
Des palais qu'on bâtit, où, la nuit, dans les pierres
On entend le choc brusque et fuyant des rapières ;