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D'héritages qu'on vient d'un coup de hache fendre,
Et qui n'ont plus le bras du chef pour les défendre !
Ces fouilles de corbeaux dans le ventre des morts !
Ces guerres où, n'osant s'en prendre aux hommes forts,
Craignant le bras qui frappe et la lance qui blesse,
La couardise appelle au combat la faiblesse !

Quand on a devant soi des barons, la plupart
Bandits bien crénelés et droits sur leur rempart,
Maîtres de quelque place à d'autres usurpée,
Qu'on arrondisse un peu sa terre avec l'épée,
En jouant au plus brave et non pas au plus fin,
Cela n'est pas très bien peut-être, mais enfin
Coup pour coup, le fer bat le fer, cela se passe
Entre ma panoplie et votre carapace,
Nous sommes gens gantés d'acier, bottés d'airain,
À visière féroce, à visage serein,
En guerre ! et nous pouvons nous regarder en face.
Mais qu'on prenne aux petits pour les gros ; mais qu'on fasse
Un apanage à tel ou tel prélat câlin
Avec des biens de veuve ou des biens d'orphelin ;
Mais, au mépris des lois divines et chrétiennes,
Pour doter des frocards et des braillards d'antiennes,
Et des clercs qui, béats, par le vin attendris,
Vous disent : faites maigre ! et mangent des perdrix,
Qu'on pille son douaire à cette pauvre vieille,
Qu'à cet enfant, qui fait un murmure d'abeille