Page:Hugo - La Légende des siècles, 3e série, édition Hetzel, 1883.djvu/87

Cette page n’a pas encore été corrigée

Tant pour faire le mal, tant pour s'en repentir ;
Péage pour entrer, péage pour sortir ;
Le baptême, c'est tant ; n'oubliez pas l'annate ;
Tant pour l'enfant de cœur à la robe incarnate ;
Tant pour vous marier ; ah ! vous mourez ; c'est tant.
Corruption ! Toujours une main qui se tend !
Dès que le père expire ou que la mère est morte,
Les enfants orphelins s'en vont de porte en porte
Mendier pour payer le prêtre, et, sans remord,
Un marchand sacré vend sa pourriture au mort.
Rome sur tout prélève une part, s'attribue
Sur deux mules la bonne et laisse la fourbue,
Taxe le berger, tond la brebis, prend l'agneau,
Goûte la fille au lit, le vin dans le tonneau,
Flaire la cargaison du vaisseau dans le havre,
Et mange avant les vers le meilleur du cadavre.
Jésus disait aimer ; l'église dit : payer.

Le ciel est à qui peut acquitter le loyer,
On y sera logé bien ou mal, mieux ou guère,
Selon qu'on sera riche ou pauvre sur la terre ;
Arrière le haillon ! place au riche manteau !
Au mur du paradis Rome a mis écriteau.

La chaire de Saint-Pierre autrefois si sublime,
Espèce de tribune énorme de l'abîme,