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On trouve là quelqu'un d'altier qui se défend ;
Sire, attaquer cela, c'est beau, c'est triomphant ;
Le bec est flamboyant, la gueule est colossale ;
On sent que l'aquilon dont l'Afrique est vassale,
Que l'ouragan qui gronde et qui des cieux descend,
Est dans les crins de l'un encor tout frémissant,
Et qu'aux pattes de l'autre il reste de la foudre ;
L'adversaire est superbe et plaît. Mais se résoudre
À mettre ses deux mains dans des fourmillements,
Poursuivre au plus épais des cloaques dormants
La bête de la bave et celle de la fange,
Avoir pour ennemi l'être plat qui se venge
De son écrasement par sa fétidité,
C'est hideux ; et j'ai honte et peur, en vérité,
D'attaquer une larve au fond d'une masure,
Et de combattre un trou d'où sort une morsure !

De là l'empiétement des moûtiers, des couvents,
Des hommes tonsurés et noirs sur les vivants,
Et le frémissement du monde qui recule.

Rome a tendu sa toile au fond du crépuscule.
La vaste lâcheté des mœurs est son trésor.
Tout à Rome aboutit. Prostituée à l'or,
Rome cote, surfait, pare, étale, brocante
Son absolution que le vice fréquente ;