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On observait l'avent, les vigiles, le jeûne,
On priait le bon Dieu, mains jointes, fronts courbés ;
Mais on tenait la bride assez haute aux abbés.
On avait l'œil sur eux, on était économe
De baisers à leur chape, et l'on craignait peu Rome ;
Sire, ce que voyant, Rome se tenait coi.

Aujourd'hui Rome, à tout, dit : comment ? et pourquoi ?
On laisse les bedeaux sortir des sacristies ;
Qui touche aux clercs est plein de piqûres d'orties.
C'est fini, plus de paix. Ils sont partout. Veut-on
D'un évêque trop lourd raccourcir le bâton ?
Querelle. Pour blâmer les luxures d'un moine,
Pour un prieur à qui l'on ôte un peu d'avoine,
Pour troubler dans son auge un capucin trop gras,
Foudre, anathème ; on a le pape sur les bras.
Un seul fil remué fait sortir l'araignée.

Rome a sur tous les points la bataille gagnée.
On lui cède ; on la craint.

                                          Combattre des soldats
Oh ! tant que vous voudrez ! mais des prêtres, non pas !
La cave du lion est effrayante, et l'aire
De l'aigle a je ne sais quel aspect de colère ;