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Dès que l'altier clairon sonnait, ils étaient prêts.
Ils étaient curieux d'aller tout voir de près ;
Jusque dans le sépulcre ils avançaient la tête ;
Et ces hommes, joyeux surtout dans la tempête,
Sans trop d'étonnement et sans trop de souci
Auraient suivi la mort leur criant : par ici !

Qu'est-ce que vous voulez maintenant qu'on vous dise ?
Ce temps-ci me répugne et sent la bâtardise.
Quand venaient les hiboux, jadis l'aigle émigrait ;
Je m'en vais comme lui. Barons, c'est à regret
Qu'on voit se refléter jusque dans vos repaires
Ce grand rayonnement des anciens et des pères
Au-dessus de votre ombre au fond des cieux épars.
Vous vous croyez lions, tigres et léopards ;
Les lions tels que vous sont pris aux souricières.
Les marmots nus qu'on porte ou qu'on mène aux lisières
Seraient dans le danger moins bégayants que vous.
Vous avez dans vos cœurs implacables et mous
Le dédain des vieux temps que vous osez proscrire ;
Vous nous faites frémir et nous vous faisons rire.
Vous avez l'œil obscur, l'âme plus louche encor
Vous faites chevaliers avec des chaînes d'or
Des trahisseurs ou bien des pages de Sodomes,
Des gueux, des affranchis, de ces espèces d'hommes
Qu'on vend publiquement dans la rue à l'encan.
Où je vois le collier, je cherche le carcan.