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Son berceau c'est la tombe et son aube est la nuit. La fleur noire du sombre autel s'épanouit Pleine d'ombre, et promet le fruit plein de poussière. Rome fatale vient de lever sa visière, Dit à l'homme : Tais-toi ! dit à Dieu : Le jour ment ! Et reprend la parole et le rugissement.

Encore un peu de temps, ce qui n'est que l'écorce Tombera ; le droit mort laissera voir la force ; Partout le joug, partout Pierre, partout César, Et l'église tout bas tutoiera le bazar ; Les trônes reprendront leurs vastes équilibres, Et les peuples seront esclaves, et nous libres. À faire le gibet nous emploierons la croix. Tout redeviendra guerre et vous serez les rois. Tout redeviendra dogme et nous serons les maîtres. Vous tyrans, étant chefs, nous bourreaux, étant prêtres, Nous aurons de nouveau le monde sous nos pieds. Et la terre verra puissamment copiés Par des spectres nouveaux tous les anciens fantômes ; Et nous arrondirons les ténèbres en dômes Au-dessus du grand temple où nous mettrons l'Erreur Ayant le pape à droite, à gauche l'empereur.