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Et que je me contente, et que, rois, histrions,
Scribes, juges, soldats, prêtres, nous digérions
Nos crimes devenus nos festins et nos joies,
Pourvu que, fiers et fous, vautours parmi les oies,
Nous ayions sous nos pieds les peuples, rions d'eux
Et de nous, cela seul est réel ; et, hideux,
Nous sommes sages, tout étant vide ; alors, hommes,
Quoi qu'il fasse, celui qui, dans l'ombre où nous sommes,
Veut jouir, qui trahit pour jouir, qui meurtrit
Sa patrie, et qui vend sa ville, a de l'esprit,
Et celui qui, romain, meurt dans l'exil pour Rome,
Et qui, français, défend la France, est un pauvre homme ;
Telle est la vérité que vos calculs nous font.

Ah ! si c'est là le but, ah ! si c'est là le fond,
Si c'est la vérité seule vraie, affirmée
Par Walpole, et par toi, sénateur Mérimée,
Je la déclare fausse, ô sacrés firmaments !
Et je crache dessus, et je lui dis : Tu mens !
À cette vérité qui, vile, atroce, obscène,
Donne tort à Barbès et raison à Bazaine !

Non ! non ! non ! je l'ai dit et le dirai cent fois,
Ce n'est point pour cela qu'on a brisé les rois
Et fait entrer le jour dans les profonds repaires !