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« Quand les princes foulaient aux pieds les multitudes, « Transformaient des pays vivants en solitudes, « Dressaient les échafauds, « Et marchaient sur le peuple, affreux, vainqueurs, superbes, « Comme le moissonneur à grands pas dans les herbes « Marche avec une faulx ;

« Tandis que l'orphelin pleurait avec la veuve, « Et que l'humanité gémissait comme un fleuve, « Et qu'eux étaient joyeux, « Et qu'ils pillaient le peuple avec leurs économes, « Tandis que tous ces rois versaient le sang des hommes « Comme moi l'eau des cieux ;

« Tandis que des couteaux ils aiguisaient les pointes, « Toi, tu les bénissais ; tu tombais les mains jointes « À genoux sous un dais, « Et tu me rendais grâce à moi, souverain maître, « Ne t'imaginant pas que j'existais, ô prêtre, « Et que je t'entendais !