Page:Hugo - La Légende des siècles, 3e série, édition Hetzel, 1883.djvu/282

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Nous étions d'un côté, les morts étaient de l'autre, Nous lui dîmes : — Quels sont les bons et les pervers ? Et cet homme leva la main, et l'univers Vit descendre, seigneur, de cette main suprême Sur nous l'apothéose et sur eux l'anathème ; Quand nous exterminions l'aïeul aux pas tremblants, Ce vieillard nous criait : Malheur aux cheveux blancs ! Quand nous percions l'enfant au ventre de sa mère, Il nous criait, debout au fond du sanctuaire, Devant la mère froide et devant l'enfant mort : L'enfant était coupable et la mère avait tort ! Il faisait, pour punir quiconque pense et rêve, Jaillir des crucifix sous les éclairs du glaive ! Sa main, plus que nos bras, multipliait les coups. Répondez, Pazzoli, Simoncelli, vous tous ! Cet homme interrompait la messe à l'offertoire, Ce prêtre rejetait la gorgée au ciboire, Seigneur, pour faire signe au bourreau de frapper, Et lui montrer du doigt les têtes à couper. Sa ceinture servait de corde à nos potences, Il liait de ses mains l'agneau sous nos sentences, Et quand on nous criait : Grâce ! il nous criait ! Feu ! C'est à lui que le mal revient. Voilà, grand Dieu, Ce qu'il a fait ; voilà ce qu'il nous a fait faire. Cet homme était le pôle et l'axe de la sphère ; Il est le responsable et nous le dénonçons ! Seigneur, nous n'avons fait que suivre ses leçons, Seigneur, nous n'avons fait que suivre son exemple.