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Des forfaits, des fureurs, du meurtre et du délire, Des deuils, des faux serments dont l'homme est éperdu, Et du sang innocent à grands flots répandu, Vous sortez des palais qu'habite la démence, Des fortins, des charniers, et de la plaine immense Du monde entier criant vers le haut firmament ! Rois ! l'homme n'est pas fait pour votre amusement. Rois ! la terre est un temple et non pas une étable. Le tyran, dans l'orgie, accoudé sur la table, Commande au crime, et Dieu commande au châtiment. Princes, avant que Dieu regarde froidement Tout le sang qui ruisselle autour de vos armures, Les astres tomberont comme des figues mûres Qui tombent d'un figuier secoué par le vent. Ô rois qui massacrez sous l'œil du Dieu vivant, La voix du genre humain contre vos fronts s'élève. Plus nombreux que les flots gémissant sur la grève Les morts auprès de Dieu, rois, vous ont précédés Ôtez votre couronne, accusés, répondez. Tous ces crimes abjects, mêlés au vice immonde, Les avez-vous commis ?

                                     Et ces maîtres du monde

Tremblèrent comme l'arbre au vol des ouragans, Et l'ange regardait pâlir ces arrogants ; Et chacun d'eux, pareil au renard qui s'échappe,