Page:Hugo - La Légende des siècles, 3e série, édition Hetzel, 1883.djvu/276

Cette page n’a pas encore été corrigée


                                       XII
                                                  Du milieu

De l'abîme on les vit surgir dans l'ombre impure. L'un ressemblait au meurtre et l'autre à la luxure, L'autre à la fraude, l'autre à l'orgueil, celui-ci Au mensonge, et d'horreur je demeurai saisi, Car ils avaient du mal toutes les ressemblances. À travers cette nuit, les brouillards, les silences, Dans ce gouffre sans fond de toutes parts béant, Dans ces immensités qu'emplissait le néant, Ils se dressaient, le sceptre appuyé sur l'épaule ; Les uns, Molochs blanchis par les neiges du pôle, D'autres ayant au front un reflet du midi, Tous habillés de pourpre et d'or, l'œil engourdi, L'air superbe, l'épée au flanc, couronne en tête, Globe en main ; chacun d'eux était seul sur le faîte D'un trône, comme un roi d'Édom ou d'Issachar, Et chaque trône était porté sur un grand char. Devant chaque fantôme, en la brume glacée, Ayant le vague aspect d'une croix renversée Venait un glaive nu, ferme et droit dans le vent. Qu'aucun bras ne tenait et qui semblait vivant.