Page:Hugo - La Légende des siècles, 3e série, édition Hetzel, 1883.djvu/246

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Vous qu'attend le sépulcre et qui rampez d'avance, Sachez que la prière est une connivence, Et ne me plaignez pas ! Nains promis aux linceuls, Tremblez si vous voulez, mais tremblez pour vous seuls !

Quant à moi, que Vénus, déesse aux yeux de grue, Que Mars bête et sanglant, que Diane bourrue, Viennent rire au-dessus de mon sinistre exil Ou faire un froncement quelconque de sourcil, Que dans mon ciel farouche et lourd l'Olympe ébauche Son tumulte mêlé de crime et de débauche, Qu'il raille le grand Pan, croyant l'avoir tué, Que Jupiter joyeux, tonnant, infatué, Démusèle les vents imbéciles, dérègle L'éclair et l'aquilon, et déchaîne son aigle, Cela m'est bien égal à moi qui suis trois fois Plus haut que n'est profond l'océan plein de voix. Hommes, je ris des nœuds dont la peur vous enlace. Tous ces olympiens sont de la populace. Ah ! certes, ces passants, que vous nommez les dieux, Furent de fiers bandits sous le ciel radieux ; Les montagnes, avec leurs bois et leurs vallées, Sont de leur noir viol toutes échevelées, Je le sais, et, resté presque seul maintenant, Je suis par la grandeur de ma chute gênant ; Non, je ne les crains pas ; et, quant à leurs approches, Je les attends avec des roulements de roches,