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délires,
Viens montrer à ce ciel de Grèce ton éclair,
Viens montrer à Paros le marbre de ta chair ;
Toi, la Vénus nouvelle, à la Vénus ancienne
Viens te comparer ! Toi, cette parisienne
Céleste, qui s'habille avec un goût profond,
Qui livre et cache, donne et reprend, sait à fond
L'art de la transparence enivrante, et câline
Mes yeux ardents avec la blanche mousseline,
Belle, viens compléter Athène avec Paris.

Ô toi qui souffres, plains, consoles et souris,
Je t'aime. Tu me fais l'effet d'une harmonie
Éclose d'on ne sait quelle harpe infinie.
N'es-tu pas l'esprit simple et calme ? N'as-tu pas
Un rythme obscur et doux dans chacun de tes pas ?
Galatée est lascive et Lesbie impudique ;
Toi, même au bain, jamais ta chasteté n'abdique ;
Ta beauté tremble et flotte au gré du flot mouvant,
Mais tu fuis si le bruit des feuilles dans le vent
Éveille le souci de pudeur qui t'obsède,
Et toute l'épaisseur de l'eau te vient en aide
Ainsi qu'une nuée au secours d'un rayon ;
Naïade, tu craindrais un regard d'alcyon.
Tu dis : Mon cœur demeure innocent, puisqu'on m'aime !
Rien ne peut te ternir, ô pur albâtre ; et, même
Dans les ravissements de l'amour accepté,
Tu restes la candeur, étant la volupté.