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Car l'hostie et l'hymen, et l'autel et l'alcôve
Ont chacun un rayon sacré du même jour ;
La prière est la sœur tremblante de l'amour ;
Qui prie adore ; aimer, c'est prier une femme ;
Les deux lumières sont au fond la même flamme.
Belle au tendre regard, ce que nous demandons
Aux baisers, aux transports brûlants, aux abandons
S'achevant en sommeil dans les bras l'un de l'autre
C'est ce que demandait aux tonnerres l'apôtre,
C'est ce que dans Tharsis, dans Thèbes, dans Ombos,
Le prophète éperdu demandait aux tombeaux,
La révélation, l'éternité, la vie !
À la suite d'une âme être une âme ravie,
Sentir l'être sacré frémir dans l'être cher,
Apercevoir un astre à travers une chair,
Voir à travers le cœur humain l'âme divine,
Achever ce qu'on voit avec ce qu'on devine,
C'est croire, c'est aimer. Par Ève l'homme naît.
La femme est vers le ciel tournée, et ce qui n'est
Que parfum dans la rose est encens dans la femme.
Adorons.
                        Nous irons au pays du dictame,
Du laurier, et de l'arbre à palmes, cher aux dieux ;
Lieux bénis où le vent reste mélodieux
À force d'avoir mis son souffle dans les lyres.
Ô femme, ô fier œil noir qui m'emplis de