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Quoi ! lui, le destructeur flamboyant, étoilé,
De l'antique caverne et de l'antique geôle,
Il n'a pu fondre encor la glace que d'un pôle !
Quoi ! celles qui de l'âme élèvent le niveau
Et qui n'ont qu'à passer pour faire un ciel nouveau,
Quoi ! du pur idéal ces comètes errantes,
Ces guerrières du bien, ces vastes conquérantes,
Les révolutions, archanges de clarté,
N'ont mis que la moitié de l'homme en liberté !
L'autre est encore aux fers, et c'est la plus divine.
Doux oiseaux qui chantez là-bas dans la ravine,
Quand donc lèvera-t-on l'écrou du triste amour ?

Ô rossignol de l'ombre, alouette du jour,
Vous, gais pillards des blés, des seigles et des orges,
Moineaux, vous, amoureux de l'azur, rouges-gorges,
Fauvettes qui planez de l'aube jusqu'au soir,
C'est pour vous, n'est-ce pas ? une douleur de voir
Que la porte de l'air s'est brusquement fermée
Au moment où les cœurs à travers la ramée
S'envolaient, tendre essaim vers le ciel bleu poussé,
Et que la vieille cage horrible du passé,
Où toujours notre effort retombe et nous ramène,
Tient par une aile encor cette pauvre âme humaine !
Ô libres oiseaux, fiers, charmants, purs, sans ennuis,