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Leurs pieds font en marchant un bruit de pas d'ancêtres.
Quand, survenant du fond du vieil honneur lointain,
Un d'eux entre chez vous à l'heure du festin,
Il sent frémir autour de ses talons sévères
Le tremblement des cœurs, des glaives, et des verres.

Oui, vous êtes les nains d'un temps chétif et laid ;
Que le plus grand de vous mette mon gantelet,
Je gage que son poing entrera dans le pouce.
Au rebours de l'honneur le vil instinct vous pousse.

Nous sommes les vaillants ; vous, vos morts même ont peur ;
L'angoisse d'un cœur faux et d'un esprit trompeur
Fait grelotter vos os ; si bien que nos natures
Se distinguent encor jusqu'en nos pourritures ;
Vous êtes les petits et nous sommes les bons ;
Et lorsque vous tombez, et lorsque nous tombons,
La mort montre, parmi les broussailles farouches,
Nos cadavres aux loups, et les vôtres aux mouches.