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Avec les trépassés augustes qu'on oublie,
Avec les chevaliers de la vieille Italie,
Loin des vivants, parmi les spectres d'Orcagna !
Pourquoi faut-il qu'à ceux que la guerre épargna
La mort vienne si tard, hélas ! menant en laisse
Ces deux chiens monstrueux, la honte et la vieillesse !

Ah ! jeunes gens ! les ans font plier mes genoux.
Je suis triste jusqu'à la haine devant vous !
Ah ! la décrépitude à l'opprobre ressemble !
Le dedans reste ferme ; hélas, le dehors tremble.
Nous avons beau flétrir ces nouveaux arrivants,
Nous ne pouvons punir ; nous ne sommes vivants
Que juste ce qu'il faut pour endurer l'offense.
Qu'il est dur de rentrer dans la mort par l'enfance !
Ah ! c'est un grand malheur et c'est un grand dépit
D'être encore lion quand le renard glapit,
D'entendre les chacals et les bêtes funèbres
Faire leur fête horrible au milieu des ténèbres,
Et de ne pouvoir pas, étant malade et vieux,
Secouer sa crinière énorme jusqu'aux cieux !
Je vois ce qui s'écroule et je vois ce qui monte,
Ruine de la gloire et croissance de honte,
Et j'ouvre avec regret mes vieux yeux assoupis.
Et si je vais trop loin dans mes discours, tant pis !
Car je n'ai pas le temps de prendre des mesures
Du degré de respect qu'on doit à vos masures,
À