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XXI BEAUMARCHAIS


Allez-vous-en aux bois, les belles paysannes !
Par-dessus les moulins, dont nous sommes les ânes,
Jetez tous vos bonnets, et mêlez à nos cœurs
Vos caprices, joyeux, charmants, tendres, moqueurs ;
C'est dimanche. On entend jaser la cornemuse ;
Le vent à chiffonner les fougères s'amuse ;
Fête aux champs. Il s'agit de ne pas s'ennuyer.
Les oiseaux, qui n'ont point à payer de loyer,
Changent d'alcôve autant de fois que bon leur semble ;
Tout frémit ; ce n'est pas pour rien que le bois tremble ;
Les fourches des rameaux sur les faunes cornus
Tressaillent ; copions les oiseaux ingénus ;
Ah ! les petits pillards et comme ils font leurs orges !
Regardons s'entr'ouvrir les mouchoirs sur les gorges ;
Errons, comme Daphnis et Chloé frémissants ;
Nous n'aurons pas toujours le temps d'être innocents ;
Soyons-le ; jouissons du hêtre, du cytise,
Des mousses, du gazon ; faisons cette bêtise,
L'amour, et livrons-nous naïvement à Dieu.
Puisque les prés sont verts, puisque le ciel est bleu,
Aimons. Par les grands mots l'idylle est engourdie ;