Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 1.djvu/84

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Après des feux, des cieux, des cieux, des cieux, des cieux !
Le géant croyait tout fini ; tout recommence !
Ce qu’aucune sagesse et pas une démence,
Pas un être sauvé, pas un être puni
Ne rêverait, l’abîme absolu, l’infini,
Il le voit. C’est vivant, et son œil y pénètre.

Cela ne peut mourir et cela n’a pu naître,
Cela ne peut s’accroître ou décroître en clarté,
Toute cette lumière étant l’éternité.
Phtos a le tremblement effrayant qui devine.
Plus d’astres qu’il n’éclôt de fleurs dans la ravine,
Plus de soleils qu’il n’est de fourmis, plus de cieux
Et de mondes à voir que les hommes n’ont d’yeux !
Ces blancheurs sont des lacs de rayons ; ces nuées
Sont des créations sans fin continuées ;
Là plus de rives, plus de bords, plus d’horizons.
Dans l’étendue, où rien ne marque les saisons,
Où luisent les azurs, où les chaos sanglotent,
Des millions d’enfers et de paradis flottent,
Éclairant de leurs feux, lugubres ou charmants,
D’autres humanités sous d’autres firmaments.
Où cela cesse-t-il ? Cela n’a pas de terme.
Quel styx étreint ce ciel ? Aucun. Quel mur l’enferme ?
Aucun. Globes, soleils, lunes, sphères. Forêt.
L’impossible à travers l’évident transparaît.