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Comme, ainsi formidable, il plairait à Vénus !
La pierre âpre et cruelle écorche ses flancs nus,
Et sur son corps, criblé par l’éclair sanguinaire,
Rouvre la cicatrice énorme du tonnerre.

Glissement colossal sous l’amoncellement
De la nuit, du granit affreux, de l’élément !
L’eau le glace, le feu le mord, l’ombre l’accable ;
Mais l’évasion fière, indignée, implacable,
L’entraîne ; et que peut-il craindre, étant foudroyé ?
Il va. Râlant, grinçant, luttant, saignant, ployé,
Il se fraie un chemin tortueux, tourne, tombe,
S’enfonce, et l’on dirait un ver trouant la tombe ;
Il tend l’oreille au bruit qui va s’affaiblissant,
S’enivre de la chute et du gouffre, et descend.
Il entend rire, tant la voix des dieux est forte.
Il troue, il perce, il fuit… — Le puits que de la sorte
Il creuse est effroyable et sombre, et maintenant
Ce n’est plus seulement l’Olympe rayonnant
Que ce fuyard terrible a sur lui, c’est la terre.
Tout à coup le bruit cesse.

Tout à coup le bruit cesse.Et tout ce qu’il faut taire,
Il l’aperçoit. La fin de l’être et de l’espoir,