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IV

L’EFFORT


 
Il songe.Quoi ! L’eau court, le cheval se déferre,
L’humble oiseau brise l’œuf à coups de bec, le vent
Prend la fuite, malgré l’éclair le poursuivant,
Le loup s’en va, bravant le pâtre et le molosse,
Le rat ronge sa cage, et lui, titan, colosse,
Lui dont le cœur a plus de lave qu’un volcan,
Lui Phtos, il resterait dans cette ombre, au carcan !
Ô fureur ! Non. Il tord ses os, tend ses vertèbres,
Se débat. Lequel est le plus dur, ô ténèbres !
De la chair d’un titan ou de l’airain des dieux ?
Tout à coup, sous l’effort… — ô matin radieux,
Quand tu remplis d’aurore et d’amour le grand chêne,
Ton chant n’est pas plus doux que le bruit d’une chaîne
Qui se casse et qui met une âme en liberté ! —
Le carcan s’est fendu, les nœuds ont éclaté !
Le roc sent remuer l’être extraordinaire ;