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Tant que poussera l’herbe et tant que vivra l’homme,
Tant que les chars pesants et les bêtes de somme
Marcheront sur la plaine, usant les durs pavés,
Mes deux pieds écartés et mes deux bras levés,
Devant la mer qui vient, s’enfle, approche et recule,
Devant l’astre, devant le pâle crépuscule,
Sembleront au passant vers ces rochers venu
Le grand X de la nuit debout dans l’inconnu.


VII


Et, comme dans un chœur les strophes s’accélèrent,
Toutes ces voix dans l’ombre obscure se mêlèrent.
Les jardins de Bélus répétèrent : — Les jours
Nous versent les rayons, les parfums, les amours ;
Le printemps immortel, c’est nous, nous seuls ; nous sommes
La joie épanouie en roses sur les hommes. —
Le mausolée altier dit : — Je suis la douleur ;
Je suis le marbre, auguste en sa sainte pâleur ;
Cieux ! je suis le grand trône et le grand mausolée ;
Contemplez-moi. Je pleure une larme étoilée.