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Je jetterai mon ombre à vos joyeux visages ;
Jusqu’à la fin des ans, jusqu’au terme des âges,
Jusqu’à ce que le temps, las, demande à s’asseoir,
Mes cippes, mes piliers, mes arcs, l’aube et le soir
Découpant sur le ciel mes frontons taciturnes
Où des colosses noirs rêvent, portant des urnes,
Mon bronze glorieux et mon marbre sacré
Diront : Mausole est mort, Artémise a pleuré.

Les siècles, vénérable et triomphante épreuve,
À jamais en passant verront la grande veuve
Assise sur mon seuil, fantôme saint et doux ;
Elle attend le moment d’aller, près de l’époux,
Se coucher dans le lit de la noce éternelle ;
Elle pare son front d’ache et de fraxinelle,
Et se parfume afin de plaire à son mari ;
Elle tient un miroir qui n’a jamais souri,
Et se met des anneaux aux doigts, et sous ses voiles
Peigne ses longs cheveux d’où tombent des étoiles.


IV


Quand cette voix se tut, à Pise, près de là,
Du haut d’une acropole une autre voix parla :