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Et le vent profond souffle à travers les campagnes.

Tout à coup on entend la trompe des montagnes,
Chant des bois plus obscur que le glas du beffroi ;
Et brusquement on sent de l’ombre autour de soi ;
Bien qu’on soit sous le ciel, on se croit dans un antre.
Un homme vient du fond de la forêt. Il entre.
C’est Tiphaine.

C’est Tiphaine.C’est lui.

C’est Tiphaine. C’est lui.Hautain, dans le champ-clos,
Refoulant les témoins comme une hydre les flots,
Il pénètre. Il est droit sous l’armure saxonne.
Son cheval, qui connaît ce cavalier, frissonne.
Ce cheval noir et blanc marche sans se courber ;
Il semble que le ciel sombre ait laissé tomber
Des nuages mêlés de lueurs sur sa croupe.
Tiphaine est seul ; aucune escorte, aucune troupe ;
Il tient sa lance ; il a la chemise de fer,
La hache comme Oreste, et, comme Gaïfer,
Le poignard ; sa visière est basse ; elle le masque ;
Grave, il avance, avec un aigle sur son casque.
Un mot sur sa rondache est écrit : Bellua.

Quand il vint, tout trembla, mais nul ne salua.