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L’endroit pour le champ-clos fut choisi très-farouche.
Le dur hiver, qui change en pierre l’eau qu’il touche,
Ne laissait pousser là sous la pluie et le vent
Que des sapins cassés l’un par l’autre souvent,
Les arbres n’étant pas plus calmes que les hommes ;
Tout sur terre est en proie, ainsi que nous le sommes,
Au souffle, à la tempête, au funeste aquilon.
Une corde est nouée aux sapins d’un vallon ;
Elle marque une enceinte, une clairière ouverte
Sur des champs où la Tweed coule dans l’herbe verte,
Lente et molle rivière aux roseaux murmurants.
Un pêle-mêle obscur d’arbres et de torrents,
D’ombre et d’écroulement, de vie et de ravage,
Entoure affreusement la clairière sauvage.
On en sort du côté de la plaine. Et de là
Viennent les paysans que le cor appela.