Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 1.djvu/279

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Vos prisonniers ont fait ce que le ciel désire ;
Mais ce temple est à vous avant d’être à Dieu, sire ;
Que votre Éternité daigne venir le voir.
— J’y consens, répondit le roi. — Notre devoir,
Reprit l’humble captif prosterné sur les dalles,
Est d’adorer la cendre où marchent vos sandales ;
Quand vous plaît-il de voir notre œuvre ? — Sur-le-champ.
Alors le maître et l’homme, à ses pieds se couchant,
Furent mis sous un dais sur une plate-forme ;
Un puits était bouché par une pierre énorme,
La pierre fut levée, un câble hasardeux
Soutint les quatre coins du trône, et tous les deux
Descendirent au fond du puits, unique entrée
De la montagne à coups de pioches éventrée.
Quand ils furent en bas, le prince s’étonna.
— C’est de cette façon qu’on entre dans l’Etna,
C’est ainsi qu’on pénètre au trou de la Sibylle,
C’est ainsi qu’on aborde à l’Hadès immobile,
Mais ce n’est pas ainsi qu’on arrive au saint lieu.
— Qu’on monte ou qu’on descende, on va toujours à Dieu,
Dit l’architecte ayant comme un forçat la marque ;
Ô roi, soyez ici le bienvenu, monarque
Qui parmi les plus grands et parmi les premiers
Rayonnez, comme un cèdre au milieu des palmiers
Règne, et comme Pathmos brille entre les Sporades.
— Qu’est ce bruit ? dit le roi. — Ce sont mes camarades
Qui laissent retomber le couvercle du puits.
— Mais nous ne pourrons plus sortir. — Rois, vos appuis