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WELF.

Comme ils ont pris la fuite ! Ainsi le daim frissonne
Devant l’ours.

LA MENDIANTE.

Devant l’ours.Je suis fille, et j’ai dix ans ; je vais
Devant moi, je mendie, et le temps est mauvais,
Je voudrais me chauffer devant la cheminée,
Et je n’ai pas mangé de toute la journée.

WELF.

Entre, enfant. Viens souper, et viens, sous l’œil de Dieu,
Dormir sur un bon lit à côté d’un bon feu.
La montagne est l’aïeule et je suis le grand-père.
Le burg sera ton nid comme il est mon repaire.
Le brasier, qui devait chasser les bataillons,
Va faire mieux encore et sécher tes haillons ;
Au lieu de voir, devant sa flamme, tout l’empire
Reculer effrayé, je te verrai sourire.
Dieu soit béni ! je n’ai pas fait mon feu pour rien.
Cela commençait mal et cela finit bien.
Ah ! tu t’en allais donc sans savoir où, perdue,
Ne voyant que du noir dans toute l’étendue !
Il ne sera pas dit, ma fille, qu’à ton cri,