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Roi près de l’empereur, astre près du soleil.
Ton pennon couronné sera presque pareil
À ma bannière, alors qu’on tremble, et que la terre
Se courbe et cherche à fuir sous mon cri militaire,
Et qu’on voit s’envoler dans l’orage en avant
L’hydre noire au bec d’aigle ouvrant son aile au vent !
Welf, obéis. Je suis celui qui tient le globe.
J’ai la guerre et la paix dans les plis de ma robe.
Je t’offre la Hongrie, un royaume. Veux-tu ?

Silence dans la tour.
Fanfare.
L’empereur se range près du roi et du duc.
Paraît une grande croix d’or à trois branches. Derrière le porte-croix, qui est habillé de violet, vient, sur une mule blanche, un vieillard vêtu de blanc, qui a la tiare en tête. Il est seul, sans gardes. Le porte-croix s’arrête. La fanfare se tait. Le vieillard parle à la tour.


SYLVESTRE.

Moi, j’ai les clefs. La force est moins que la vertu.
Deux mains jointes font plus d’ouvrage sur la terre
Que tout le roulement des machines de guerre.
César est grand ; mais Christ, à la douceur enclin,
Près de l’homme de pourpre a mis l’homme de lin.
Je suis le Père. En moi la lumière se lève,
Et ce que l’empereur commence, je l’achève ;
Il absout pour la terre, et j’absous pour le ciel.
Le grand César ne peut rien donner d’éternel.
Il t’offre une couronne, et moi je t’offre une âme ;