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Accepte ce que moi, roi d’Arles, je t’apporte.

Silence dans la tour.
La fumée s’épaissit et devient rougeâtre.
Le roi se range près du duc.
Fanfare.
Paraît une bannière de drap d’or, portant un grand aigle de sable, éployé. Des sonneurs de trompes et des batteurs de cymbales la précèdent.
Derrière la bannière, entre un homme à cheval, vêtu de pourpre, ayant dans la main un globe, et sur la tête la couronne impériale.
Il est suivi d’une poutre à tête de bélier de bronze, portée par des Croates nus, hauts de six pieds. Le Bélier est flanqué de montagnards tyroliens en jaquettes bariolées, armés de frondes.
Tout ce cortège s’arrête et fait face à la tour. Les trompes et les cymbales se taisent.


OTHON, tourné vers la tour.

Othon, empereur, parle à Welf, baron bandit,
Et le bandit se cache, et l’empereur lui dit :
Vassal, ouvre ton burg. Je viens te faire grâce.
Welf, quand c’est l’empereur d’Allemagne qui passe,
La clémence au doux front marche à côté de lui.
Mais l’homme absous, c’est peu ; je veux l’homme Ébloui.
Quand l’empereur pardonne, il donne une province.
Le duc te fait soldat, le roi duc, et moi prince.
Chacun de nous, suivant sa taille, te grandit.
Je puis, si je le veux, te mettre en interdit ;
J’aime mieux t’attirer, moi centre, dans ma sphère,
Te couvrir de splendeur et d’aurore, et te faire